Climate Chance, le sommet des représentants de la société civile internationale engagés dans la lutte pour le climat, c’est-à-dire, notamment, des acteurs associatifs, des entreprises et des collectivités venus du monde entier, s’est tenu à Nantes les 26, 27 et 28 septembre derniers. Durant ces trois journées de sommet, des acteurs de champs très divers, mais qui ont pour beaucoup d’entre eux des liens étroits avec les questions concernant l’aménagement durable des territoires, ont pu se rencontrer, discuter, partager leurs expériences.
Mobilisation de la société civile mondiale
À l’issue du sommet, les participants ont rédigé et signé un texte commun, la Déclaration de Nantes des acteurs du climat, intitulée Renforcer l’action concrète pour combler le fossé entre les engagements actuels et l’objectif de l’Accord de Paris. L’objectif de cette déclaration est bien de rendre compte de la dynamique d’ensemble qui est à l’œuvre aujourd’hui.
Climate Chance a choisi de se structurer en coalitions thématiques. Chacune de ces coalitions réunit l’ensemble des acteurs d’un même secteur d’expertise et d’activité souhaitant s’inscrire dans cette dynamique. S’appuyant sur le travail de structuration issu du sommet de Lyon en 2015, sommet inscrit dans le cadre de la préparation de la Cop21 organisée à Paris en décembre de cette même année, Climate Chance a organisé ses travaux autour des quinze coalitions déjà existantes ; cependant, le sommet a aussi su laisser un processus d’enrichissement et d’élargissement s’opérer, en permettant à de nouveaux acteurs de rejoindre le mouvement et à deux nouvelles coalitions de s’affirmer : une coalition Francophonie et Climat et une coalition Culture et climat, portant le nombre de ces dernières à dix-sept.
Dans l’ensemble de ces travaux, trois aspects méritent une attention particulière : l’aménagement durable, l’architecture et le patrimoine, enfin la culture.
L’Aménagement durable
Aujourd’hui, plusieurs coalitions s’inscrivent explicitement dans les thématiques de l’aménagement durable des territoires et il est en particulier possible de citer les coalitions Forêt et biodiversité, Mobilité et transports, Adaptation et résilience, Aménagement local, Bâtiment durable, Océan et trait de côte, Transition énergétique et emploi, Culture et Climat. Ces coalitions dessinent ensemble un tableau cohérent de ce qui pourrait constituer une politique d’aménagement visant à répondre à des enjeux certes planétaires, mais avec une déclinaison en logiques territorialisées et en initiatives inscrites dans des réalités concrètes et très différenciées. Ces différentes coalitions, au-delà de leurs travaux spécifiques, ont su dégager ensemble des lignes directrices dans le champ de l’aménagement : les acteurs non-étatiques présents ont ainsi insisté sur la nécessaire approche territoriale pour traiter les enjeux, les coalitions thématiques affirmant conjointement que « c’est bien à l’échelle des territoires qu’il est possible de mieux prendre en compte les besoins des populations dans leur diversité et de travailler avec tous les acteurs aux nécessaires changements de pratiques qui permettront de concrétiser les modèles de prospérité bas carbone nécessaires à l’atteinte de l’objectif global de réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, c’est aussi à l’échelle territoriale que la question de l’adaptation pourra être abordée avec l’efficacité nécessaire. »
L’Architecture et le patrimoine
La question de l’architecture comme enjeu de lutte en faveur du climat est apparue, au cours des différents travaux et, en particulier, dans les enjeux soulevés par la coalition Bâtiment durable, comme centrale. Au-delà de la reconnaissance unanime de la dimension incontournable des questions de performance énergétique des constructions, la confrontation entre des réalités territoriales très différentes, rendue possible par le format international du sommet, a permis de mettre l’accent sur la promotion d’une construction avant tout adaptée aux spécificités de chacun des territoires et tenant compte aussi bien des ressources locales que des conditions climatiques et économiques ; c’est bien ainsi l’esprit même du projet architectural qui est affirmé. D’autre part, et de manière complémentaire, les acteurs locaux ont souhaité également s’engager dans la voie de la reconnaissance et du respect du patrimoine en soulignant la nécessité de développer des stratégies de résilience et d’adaptation : le déjà-là, parce qu’il ne nécessite pas de consommation de ressources neuves pour exister, doit être vu comme un support fondamental de la politique en faveur du climat.
La Culture
Enfin, le sommet de Nantes a également vu l’émergence d’une nouvelle dynamique thématique, celle du domaine de la Culture. Si la coalition Culture et Climat doit encore se structurer pour exister pleinement lors des prochains sommets, un processus a été lancé visant à porter de manière coordonnée les initiatives culturelles en faveur du climat à l’œuvre aujourd’hui dans le monde. Un groupe de travail s’est ainsi réuni au sein du Lieu Unique, scène nationale de Nantes, les 26 et 27 septembre ; ce side-event a donné lieu à une restitution officielle sur le plateau média du sommet et à un texte de principes. Les participants à ce groupe de travail, qui a reçu l’appui du ministère de la Culture et de la Communication, se sont inscrits dans la dynamique d’implication de la société civile engagée dans la lutte contre le changement climatique et les stratégies territoriales d’adaptation climatique : les acteurs présents ont ainsi affirmé la responsabilité du monde culturel pour agir non seulement sur les effets du changement climatique, par des pratiques respectueuses de l’environnement, mais également sur ses causes, qui sont profondément culturelles car liées aux comportements, aux croyances et aux modes de vie. Le changement climatique est bien un défi culturel. Il s’agit donc aujourd’hui de porter ces principes de manière opérationnelle, en s’inscrivant dans de nouveaux partenariats entre artistes, acteurs culturels, chercheurs, scientifiques, investisseurs, décideurs publics, autorités locales, en transformant le regard des sociétés sur l’artiste et l’opérateur culturel, qui ne sont pas simplement des transmetteurs ou des communicants mais qui sont aussi des experts dans la construction de la ville bas carbone ainsi que dans la définition et la mise en œuvre de politiques publiques en charge du changement climatique.
En accompagnant le processus étatique incarné par les COP et les Accords de Paris, le sommet Climate Chance, sommet de la société civile, apporte un regard complémentaire indispensable, celui de la spécificité des territoires et des sociétés. De fait, c’est par une convergence des enjeux portés par chacun que l’humanité comme ensemble solidaire pourra espérer apporter une réponse civilisationnelle aux défis du changement climatique.